Menace sur les repasseuses de coiffes

« Un jour, j'ai cherché à faire nettoyer le col du costume de ma fille sans savoir vers qui me tourner. Une collègue m'a fait rencontrer Germaine Guillou à Rosporden. Quand je l'ai vue travailler, ça a été un coup de foudre. » C'était il y a 20 ans. Depuis, Maryse Gréval, 50 ans, est repasseuse de cols et coiffes de l'Aven. Une spécialité qu'en Sud-Cornouaille, elles ne sont plus que deux à exercer.
Maryse Gréval utilise 500 pailles, séchées pendant deux ans, pour le repassage des cols de l'Aven.
 En guise de signal d'alarme, la confédération War'l Leur, qui regroupe une partie des cercles celtiques, a décidé de réagir en organisant Eskell An Aven, manifestation de soutien aux deux repasseuses. Au programme : musique traditionnelle et chorégraphies des cercles de Pont-Aven, La Forêt-Fouesnant et Elliant. « L'objectif est de récolter de l'argent pour payer une partie du salaire des repasseuses », explique War'l Leur.
Car des finances, c'est ce qui manque pour pérenniser l'activité. Réunis au sein d'un groupement d'employeurs, ce sont les cercles de danse, premiers clients des repasseuses, qui rémunèrent Maryse Gréval et Christine Le Poulichet.
« Patrimoine menacé »
Dimanche à Elliant (près de Quimper), elles prendront amidon, paille et fer à repasser pour partager leur passion du métier avec le public. « C'est une profession menacée, regrette Maryse Gréval. Nous devons faire en sorte de passer le flambeau aux jeunes pour que les repasseuses ne disparaissent pas. »
À Saint-Yvi, dans l'atelier qu'elle a aménagé chez elle, Maryse Gréval espère pouvoir transmettre son savoir-faire rapidement. Comme Germaine Guillou, repasseuse rospordinoise, l'a fait avec elle dans les années 1980. « C'est notre patrimoine qui est en jeu », insiste-t-elle.
7 h de repassage pour une coiffe
C'est là qu'elle travaille jusqu'à 7 heures par jour pour repasser une collerette de costume ou une coiffe ! Et tout ça à l'ancienne.
C'est que l'opération exige doigté et précision. « Il faut compter trois jours entre le moment où la dentelle est amidonnée et le tournage à la rosée, qui conclut le repassage », éclaire la Concarnoise.
Les plus belles coiffes, portées par les futures reines de Cornouaille et des Filets-Bleus, sont passées entre ses mains. Une fierté, même si elle avoue être poussée par l'amour du métier plus que par celui de la coiffe. La quinquagénaire occupe 60 % de son année à bichonner les pans de dentelles avec son fer à sec. Le reste du temps ? Elle est crêpière en grande surface.

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