On n'en finit pas de découvrir la richesse de la musique traditionnelle bretonne. Un sonneur guidélois, Stéphane Dufleit, vient de réaliser une première enquête, susceptible de bien des prolongements, sur le terroir de l'Aven.
Stéphane Dufleit, 31 ans, élève du talabarder Josik Allot à l'Ecole de Musique de Lorient, a obtenu cette année un Diplôme d'Etudes musicales. Pour ce faire, il fallait affronter plusieurs épreuves pour démontrer sa maîtrise instrumentale, mais aussi l'excellence de ses connaissances musicales. Enfin, il fallait rendre une sorte de mémoire sur un sujet libre, et Stéphane Dufleit a choisi le répertoire de l'Aven. Ce choix ne relève pas du hasard : Josik Allot a lui-même un faible pour ce terroir, et depuis plusieurs années, Stéphane Dufleit collabore musicalement avec le très dynamique cercle celtique de Clohars-Carnoët. «L'Aven», dit-il, «c'est mon terroir de prédilection. Peut-être aussi parce que mon père était originaire de Querrien».Travail de bénédictin
Stéphane Dufleit a effectué un travail de bénédictin pour mener à bien son projet. Il a entrepris, grâce à l'aide précieuse de l'association Dastum, de recenser tous les enregistrements contemporains ayant trait à ce répertoire, de Gus Salaun (Bannalec) à Lanig Guéguen (Fouesnant), en commençant par les cassettes et les disques en vinyle. Des sonneurs du coin comme Daniel Miniou et Jean-Louis Le Vallégant lui ont aussi apporté leur aide. Il a entrepris également de consulter les feuilles volantes du début du XX e siècle sur lesquelles figuraient des textes de chanson, et de rencontrer les musiciens les plus anciens. Et puis, il est allé sur le terrain pour engranger de nouvelles découvertes : par exemple aux Joutes Musicales de Kernével.
«15 heures d'enregistrement»
«J'ai déjà fait 15 heures d'enregistrement sur 12 CD», dit-il, et son mémoire vient d'être soumis avec succès au jury de l'Ecole de Musique lorientaise. Mais c'est seulement le tout début d'un travail de longue haleine, avec encore beaucoup de collectage, mais aussi l'écriture sur partitions de tous les airs en question. «Le style de l'Aven», précise-t-il, «se caractérise par une musique virtuose, flamboyante, et c'est le plus technique de tous les répertoires bretons». La danse elle-même est complexe : ce qui en fait sans doute l'élégance, la fierté et la beauté. Et puis, il faut savoir que la gavotte de l'Aven et son bal se divisent en quatre modes : Fouesnant, Bannalec, Pont-Aven et Clohars-Carnoët. Avec des nuances parfois imperceptibles pour les non-initiés...
Par ailleurs, d'autres danses moins connues, cousines de l'hanter dro, ont également trouvé ici leur terreau : le gymnaska, le skubel, le stoupig... Précisons que pour mettre en valeur ce très riche répertoire et organiser des stages de perfectionnement, un Collectif Aven s'est créé il y a quelques mois dans la région de Quimperlé. Bref, une véritable dynamique se met en place.
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